Rénovation
Modifié le 24/05/2024
Énergies fossiles : où en est la France ?
À l’aube d’un hiver 2022-2023 que l’on annonce délicat sur le plan énergétique, le débat sur les énergies fossiles fait, encore et toujours, l’actualité. Quelles sont les énergies fossiles ? Comment sont-elles utilisées ? Quel est leur impact sur l’environnement ? Quel est le positionnement de la France par rapport à ces énergies fossiles ? Tour d’horizon complet.
Qu’est-ce qu’une énergie fossile ?
Une énergie fossile est par définition une énergie qui est issue de la transformation de matières organiques enfouies dans le sol. Ces matières organiques, dont la décomposition remonte à plusieurs millions d’années, constituent aujourd’hui des gisements riches en carbone. Par nature, les énergies fossiles sont des énergies non renouvelables. Une fois exploitées, elles ne peuvent plus être régénérées, sauf à prendre pour échelle de temps l’échelle des temps géologiques (plusieurs millions, voire centaines de millions d’années). À l’hiver 2022-2023, on estime que les énergies fossiles représentent près de 80 % de l’énergie mondiale1. Il existe plusieurs techniques pour extraire ces énergies fossiles avant leur utilisation, parmi lesquelles :
- le puisage ;
- l’extraction directe à la surface des sols ;
- l’extraction dans les mines ;
- l’extraction dans les mines à ciel ouvert.
Comme toute forme d’énergie, les énergies fossiles présentent plusieurs avantages qui légitiment leur utilisation massive aux quatre coins de la planète. Les énergies fossiles constituent en effet un excellent combustible. Elles affichent un haut rendement énergétique, garantissent une facilité de stockage, et sont disponibles tout au long de l’année. Sur un plan économique, la majorité des énergies fossiles sont moins chères à produire que les énergies renouvelables. Les avantages des énergies fossiles sont toutefois contrebalancés et remis en cause par les inconvénients qui y sont associés, notamment en termes d’impact sur l’environnement (voir plus bas).
Quelles sont les différentes sources d’énergies fossiles ?
On recense aujourd’hui trois principales sources d’énergies fossiles utilisées comme combustibles :
- Le charbon : le charbon représente, à lui seul, près de 1/3 de l’énergie mondiale. La Chine, les États-Unis et l’Inde sont les trois pays qui produisent et consomment le plus de charbon.
- Le pétrole : extrait de la terre ou en mer, le pétrole est une énergie fossile brute qui est ensuite raffinée pour en faire différents produits pétroliers. Il représente à lui seul un autre tiers de l’énergie mondiale. Les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite sont les trois pays qui produisent le plus de pétrole dans le monde.
- Le gaz naturel : gaz quasi exclusivement composé de méthane, le gaz naturel se retrouve dans des gisements formés il y a des millions d’années, et aujourd’hui exploités pour en récupérer l’énergie. Sensiblement plus « propre » que le charbon et le pétrole, le gaz naturel conserve son statut d’énergie fossile par son impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
À noter qu’il existe un débat autour de l’uranium. Les questions sont nombreuses pour savoir si l’uranium est une énergie fossile ou une énergie renouvelable. A priori, aucune des deux. Présent en grande quantité sur Terre, l’uranium figure malgré tout parmi les ressources limitées, et ne peut donc être légitimement qualifié d’énergie renouvelable (a contrario, par exemple, de l’énergie solaire ou de l’énergie éolienne). Néanmoins, l’uranium est aussi une énergie décarbonée. À ce titre, il ne peut pas être qualifié d’énergie fossile. La même question se pose parfois sur l’énergie nucléaire. Au sens strict du terme, l’énergie nucléaire ne constitue pas non plus ni une énergie fossile ni une énergie renouvelable. Les scientifiques s’accordent toutefois pour la qualifier d’énergie recyclable.
Comment sont utilisées les énergies fossiles ?
Autrefois cantonnées à un usage pour le chauffage et l’éclairage, les énergies fossiles ont peu à peu investi le secteur industriel. Aux quatre coins de la planète, les pays industriels utilisent les énergies fossiles pour faire tourner leurs industries, souvent gourmandes en énergie. Au-delà du secteur industriel, l’univers du transport s’affiche également comme un grand consommateur d’énergies fossiles, notamment à travers le pétrole transformé en essence ou gasoil. Les particuliers, à leur échelle, utilisent eux aussi quotidiennement les énergies fossiles pour :
- se chauffer : en France, un grand nombre de foyers se chauffent au gaz naturel. Dans le monde, le charbon constitue encore un combustible prisé pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire au sein d’une habitation ;
- cuire les aliments ;
- s’habiller, se divertir, puisque le pétrole est transformé en tissus synthétiques, en plastique, etc.
À noter qu’en France, la grande majorité des énergies fossiles utilisées dans l’industrie, le transport ou par les ménages sont importées. La France ne figure pas parmi les pays producteurs notables de gaz naturel, de charbon ou de pétrole, et importe donc ces énergies fossiles, depuis l’Afrique, le Moyen-Orient, la Russie pour le pétrole ; la Norvège, les Pays-Bas, la Russie pour le gaz naturel ; l’Australie, les États-Unis, l’Afrique du Sud pour le charbon. Dans un contexte global de lutte contre le réchauffement climatique et d’incitation au remplacement des énergies fossiles par d’autres types d’énergies, la France tend néanmoins à diminuer la part des énergies fossiles importées dans sa consommation énergétique globale.
Énergies fossiles : que dit la loi ?
Les énergies fossiles ont un impact négatif sur l’environnement (voir ci-dessous). Conscients de ces impacts et des conséquences de l’utilisation des énergies fossiles sur le monde de demain, les gouvernements du monde entier se réunissent régulièrement pour légiférer. En 2015, 196 pays s’accordent sur la signature de l’accord de Paris (ou accord de Paris sur le climat) à l’occasion de la Cop21. Tous s’engagent à limiter le réchauffement climatique en réduisant de façon significative les émissions mondiales de gaz à effet de serre, des gaz en grande majorité produits par les énergies fossiles. Depuis, d’autres discussions, d’autres accords, d’autres textes internationaux ou nationaux ont été rédigés, débattus, adoptés pour atteindre cet objectif. En France, la loi Énergie Climat est votée en 2019. Elle fixe pour objectif la neutralité carbone du pays pour 2050, avec toujours cette ambition, affichée, de réduire la part des énergies fossiles dans la consommation énergétique globale. Deux ans plus tard, la loi Climat et Résilience accentue encore un peu plus la pression autour des énergies fossiles. Par exemple, cette loi interdit aux entreprises implantées dans le secteur des énergies fossiles de faire la publicité de ces mêmes énergies fossiles dès l’été 2022. Les particuliers sont également invités à prendre part à ces enjeux. En 2022 toujours, l’État français acte l’interdiction d’installation des chaudières au fioul (combustible issu du raffinage du pétrole) dans les logements neufs. Il encourage aussi les ménages à entreprendre des travaux de rénovation énergétique (remplacement d’un chauffage au fioul ou au gaz par une pompe à chaleur, etc.) à travers les différents aides et primes existantes, comme la Prime énergie E.Leclerc.
Quel est l’impact des énergies fossiles sur l’environnement ?
Les énergies fossiles ont un inconvénient majeur : leur impact sur l’environnement. En effet, le recours aux énergies fossiles comme combustibles participe :
- Au réchauffement climatique : les énergies fossiles constituent une source importante d’émissions de CO2 et de gaz à effet de serre. Les différentes étapes (extraction, transformation, transport, combustion) liées à l’utilisation des énergies fossiles sont responsables, de façon directe et significative, du réchauffement climatique. En pratique, l’utilisation des énergies fossiles entraîne une augmentation de la température moyenne de la surface de la Terre. Il y a de graves conséquences pour la planète, comme la fonte de la banquise, l’augmentation du volume des océans, la disparition des espèces, des conflits économiques et sociaux, etc.
- À la pollution atmosphérique : la combustion des énergies fossiles provoque l’émission d’oxydes d’azote, de carbone, de soufre, de plomb, de minéraux lourds, etc. Ces émissions participent à la pollution atmosphérique avec des conséquences importantes sur la santé des personnes qui y sont exposées, notamment en augmentant le risque de maladies respiratoires.
- À la formation de pluies acides : le rejet d’oxydes de soufre et d’azote dans l’atmosphère se mélange à l’eau atmosphérique. Il en résulte des pluies acides responsables de la destruction de forêts un peu partout en Europe et dans le monde, et responsables de l’acidification des lacs.
- À la survenue de catastrophes naturelles : le transport de pétrole occasionne, lors d’accidents, de gigantesques marées noires débouchant sur une grave pollution des mers et des océans, et une mise en péril de la faune et de la flore.
Au-delà de l’impact sur l’environnement, les énergies fossiles affichent un autre inconvénient majeur : leur épuisement au fil des années. Comme évoqué précédemment, il a fallu plusieurs millions, voire des centaines de millions d’années pour que se forment les réserves d’énergies fossiles sur la planète. Leur exploitation massive, couplée à la quantité limitée de ces énergies fossiles, rend inéluctable une pénurie de charbon, de gaz naturel, de pétrole dans les décennies à venir. Par exemple, le Conseil mondial de l’énergie estime qu’il reste des réserves de gaz naturel pour 70 ans2. Cette raréfaction et cette disparition programmées des énergies fossiles, combinées à la dépendance de l’homme à ces mêmes énergies fossiles, laissent présager d’importants conflits sociaux et économiques à travers le monde. Face au réchauffement climatique et face à ces enjeux sociétaux, il est donc urgent pour les pays de la planète de trouver des alternatives. C’est tout l’enjeu des lois et des prises de position de la France dans ce domaine depuis plusieurs années.
Source1 : National Geographic
Source2 : Selectra